Trois contes de Flaubert
Je me souviens d'avoir eu des battements de coeur, d'avoir ressenti un plaisir violent en contemplant un mur de l'Acropole, un mur tout nu (celui qui est à gauche quand on monte aux Propylées). Eh bien ! je me demande si un livre, indépendamment de ce qu'il dit, ne peut pas produire le même effet. Dans la précision des assemblages, la rareté des éléments, le poli de la surface, l'harmonie de l'ensemble, n'y a-t-il pas une vertu intrinsèque, une éspèce de force divine, quelque chose d'éternel comme un principe ?"
Ce principe évoqué par Flaubert à l'adresse de son amie George Sand, c'est celui des Trois Contes qu'il publie en 1877, trois ans avant sa mort, et qui sont comme le testament littéraire où s'affirme son ultime conception de l'écriture. Récits éblouissants, limpides et cependant énigmatiques, Un coeur simple, La Légende de saint Julien l'Hospitalier et Hérodias nous conduisent de l'Occident moderne à l'Orient des débuts de notre ère : entre mots et images, ils nous parlent de l'amour et de la folie, du quotidien et du sacré, et de notre inexorable besoin d'eternité.
Ces trois contes sont trois histoires extraordinaires où le fantastique religieux illumine la vie quotidienne. Flaubert s'est d'ailleurs inspiré pour deux d'entre eux d'un vitrail et d'un bas-relief de la cathédrale de Rouen. "La Légende de saint Julien l'Hospitalier", c'est le Moyen Age, ses seigneurs passionnés de chasse et ses lépreux. "Hérodias", c'est la Palestine au temps d'Hérode, avec ses intrigues de palais, l'occupation romaine et la danse sensuelle de Salomé réclamant la tête de saint Jean-Baptiste.
"Un coeur simple", c'est enfin la Normandie chère à Flaubert, Pont-l'Evêque et Trouville. Une vieille servante y a vécu et souffert. Elle finit par voir en son perroquet le Saint-Esprit lui-même. Trois chefs-d'oeuvre pleins de réalisme, de délicatesse et d'émotion.
Editions Le livre de poche - Poche - 182 pages
Pliure angle du la 4ème de couverture (voir photo)