La maîtresse de Brecht de Jacques-Pierre Amette
Quand le romanesque se joue de l'histoire, quand la fiction tisse sa toile dans la réalité, pour en faire ce qu'elle veut. La Maîtresse de Brecht est ainsi, puisant dans cette Allemagne à genoux, ruinée, détruite de l'après-guerre. On est en 1948. Bertold Brecht, dramaturge anarchiste réputé, ayant fui les nazis, rentre d'exil, de retour de Californie. Dans Berlin-Est, les autorités communistes ont pris le pouvoir. Son retour est triomphal. Tandis que partout des agents rétablissent l'ordre, reconstruisent le pays, éduquent les esprits, on lui donne des moyens considérables pour monter le Berliner Ensemble. Pas de hasard. Si Brecht est un formidable séducteur, on se méfie de lui, de ses idées, de ses actes. Pour mieux le surveiller, l'encadrer, le saisir, l'agent Hans Trow lui colle aux basques et à la peau une jeune comédienne, mystérieuse et théâtrale, Maria Eich. En attendant de jouer Antigone, elle sera sa maîtresse. Jacques-Pierre Amette tire les ficelles de son roman à partir de ces trois portraits dans un décor fastueux, entre coulisses et fatras, entre la scène et les gravats, entre les uniformes et les costumes. Peu importe que l'histoire soit vraie, inventée ou non, puisqu'elle est écrite. Et bien écrite, sans effet, sans rajout ni repentir, sans pathos. Avec les justes mots ou les mots justes, à la manière de Brecht. Voilà tout un monde historique, artistique, qui revit sous la plume ciselée de Jacques-Pierre Amette. Un art du roman, récompensé par le Goncourt. --Céline Darner
Brecht était incontestablement un très grand dramaturge, il n'en avait pas moins certains côtés antipathiques particulièrement dans son rapport avec les femmes. . . Mais le roman de Jacques-Pierre Amette ne se veut pas un élément à charge supplémentaire dans un dossier récemment instruit par diverses études historiques. Il s'agit plutôt de la reconstitution d'une époque à travers une extraordinaire galerie de portraits. En octobre 1948, Bertolt Brecht rentre à Berlin après un exil de quinze ans aux États-Unis. Les autorités doutant de son intégrité marxiste décident de placer dans son entourage une actrice autrichienne, Maria Eich, pour espionner ses faits et gestes et rendre compte de ses opinions les plus cachées. Maria Eich accepte la mission sans enthousiasme mais elle n'a pas vraiment le choix. Son père était en nazi notoire, son mari aussi qui s'est réfugié au Portugal où il serait facile à retrouver, sa fille vit à Berlin Ouest. Elle devient actrice dans la troupe de Brecht et, occasionnellement, sa maîtresse, mais si elle ne parvient jamais à l'aimer sincèrement, elle ne peut se défendre d'une véritable admiration à son égard.
Le destin de cette espionne au grand cour acculée à des actes dont elle a honte a quelque chose de poignant. Tout comme les superbes évocations d'Hélène Weigel, la femme de Brecht, du dramaturge lui-même empêtré dans ses propres contradictions de la Prusse et du Berlin d'après-guerre au cour de la guerre froide.
En 1948, après quinze ans d’exil, Bertolt Brecht revient à Berlin où le régime communiste compte sur lui pour édifier un théâtre « prolétarien et socialiste », vitrine culturelle du régime. Le dramaturge fait la rencontre d’une actrice, Maria Eich, qui devient sa maîtresse. Il ne sait pas encore que la jeune femme va, jour après jour, noter ses faits et gestes, lire son courrier, rapporter fidèlement ce qu’elle voit et entend aux agents de la Stasi, la police politique. Car, au-delà des honneurs officiels, certains se méfient de l’écrivain qui a passé tant d’années chez les capitalistes américains… Commence alors, dans les coulisses du Berliner Ensemble, un jeu de rôles où, face aux ombres et lumières d’un Brecht à la personnalité complexe, se détache la figure de Maria, instrument docile et pathétique aux mains de l’appareil totalitaire. Le prix Goncourt 2003, prix Goncourt du centenaire, a couronné ce roman, peinture saisissante d’un Berlin qui se relève péniblement de ses ruines, méditation sur la vérité de l’art aux prises avec les mensonges politiques.
Dans ce livre subtil, Jacques-Pierre Amette se tient en retrait de ses personnages et les dispose dans les cercles dramatiques que leur impose leur rôle. En romancier, il suggère la honte de ces années de plomb, les silences des consciences, les pudeurs et les perfidies de l'amour. Mais lors d'un dénouement inattendu, il permet à chacun de choisir son propre destin et de s'échapper d'une pièce au décor trompeur...
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Editions
Albin Michel
Collection
Format
20 x 13 cm
Nombre de page
300
Infos complémentaires
Une rousseurs sur tranche du livre, sinon, ouvrage en très bon état
Etat
Bon état
Date