La guerre d'Indochine - 5 tomes - complet de Lucien Bodard
Fin de projet
Tome I :
Le lendemain de la défaite de Dien Bien Phu, dans Hanoï qui agonise, l'armée française fait quand même le défilé de la victoire, pour commémorer la capitulation allemande. Mais c'est la revue des ombres, des survivants, des hommes brisés moralement et physiquement, éblouis par la « pureté » cruelle et impitoyable des Vietminh. Ce qu'explique Lucien Bodard, c'est comment l'on en est arrivé là, comment un Corps Expéditionnaire magnifique a pu se faire écraser au bout de sept ans par des guérilleros misérables et dépourvus de tout au début. Cela avait si bien commencé ! Ce qu'on appela en France la « sale guerre » avait été pour le Corps Expéditionnaire la « guerre heureuse ». Il y avait le sang, la mort, le supplice, la volupté, la paresse, la « grande vie », tout cela indiciblement mêlé. Pour les officiers, c'était aussi l'idéal du stoïcisme, le militarisme esthétique, c'étaie le « beau geste » où l'on se faisait tuer par mépris. Mais c'était aussi l'Enlisement. L'on pacifiait mais l'on n'arrivait pas à tuer la guérilla.La mitraillette rapportait, l'Indépendance rapportait, la piastre rapportait, elle finançait la guerre de tout le monde. Et ce sera l'embourbement quand l'on aura remis le pouvoir à Bao-Daï, un Hamlet jaune réfugié dans la négation et la débauche. C'était fascinant aussi. Chez les hommes, tout était porté à l'extrême, le pur et l'impur, la bonté et le sadisme. Mais les Viets avaient dans leurs repaires gardé leur vertu rouge. L'équilibre aurait pu durer longtemps. Mais l'on avait oublié que Giap formait sur la frontière de Chine une armée de choc d'hommes-fourmis. Surtout, l'on n'avait pas compris ce que signifiait la victoire de Mao en 1949. Et, en moins d'un an, on allait tomber de l'enlisement dans l'orgueil à l'Humiliation de la défaite. Après cela, la guerre d'Indochine traînera, mais elle était déjà condamnée.
Tome II:
Il faut voir les pilotes au manche, la figure épuisée, les yeux creux ! Ils sont sales, négligés, mal rasés, avec un semblant d'uniforme, souvent encore en proie à la gueule de bois. Et quelle suprême indifférence pour piloter ! Le chic, c'est de lire en même temps un roman policier ou de peloter une passagère. Il faut vraiment un sale temps pour qu'un équipage daigne faire attention. Ce sont tous des as, évidemment, mais presque tous avec un défaut, un passé qui les ont relégués là. Que de figures parmi eux !
Tome III:
En cette extrémité, au milieu de l'humiliation, de toutes les humiliations, c'est l'appel désespéré au Père. Et le miracle, c'est que le Père arrive. A toute l'Indochine, la radio annonce que le général de Lattre de Tassigny a été nommé Haut-Commissaire de France et Commandant en Chef des troupes françaises en Indochine.
Le Corps expéditionnaire s'est déjà enlisé en Indochine – enlisement dont il est heureux car c'est l'aventure à la fois cruelle, sensuelle, profitable et héroïque. Mais soudain il va connaître l'humiliation.
C'est la surprise totale. En apparence tout va bien. A Saigon, la piastre coule miraculeusement, finançant la guerre et l'idéologie pour tout le monde. Saigon, cette plaque tournante de l'argent, est alors une cité où tout n'est qu'accommodements, grouillements, mystères et jouissances. Et, pendant que prolifèrent la piastre des riches et la piastre des pauvres, le bandit Baivian devient le maître du « Grand Monde », le plus vaste établissement de jeux de l'univers, grâce à Bao-Daï. Plus tard ce Vautrin jaune sera préfet de police.
Tout est pour le mieux. On a même l'illusion de la victoire. Les Français pacifient presque tous les deltas de la Cochinchine et du Tonkin. Les Vietminh affamés proclament que « chaque grain de riz vaut une goutte de sang ». Mais il y a quelques rares prophètes de malheur qui annoncent des catastrophes prochaines, comme le général revers. On ne le croit pas, on le « torpille » dans un scandale. Et pourtant il a raison en affirmant que la « solution Bao-Daï » est pourrie, en affirmant surtout qu'une avalanche d'hommes va surgir des jungles de la frontière de Chine, submergeant tout.
En effet, soudain, c'est le cataclysme. La destruction presque totale de deux colonnes françaises dans les calcaires de Dong-Khé. Rien de plus horrible que l'anéantissement de ces milliers de soldats français en pleine jungle, par des Viets innombrables. Mais une pareille défaite, c'est la conséquence de tout ce qui s'est passé depuis un an à Hanoi, à Saigon, à paris, c'est le résultat de la bêtise des états-majors et des Gouvernements, une longue suite d'erreurs mesquines qui s'accumulent, qui créent la situation stupide et inexplicable que l'on paiera avec du sang.
Tout semble perdu. Ce sont les jours affreux de l'humiliation – les Viets, ces jaunes que l'on dédaignait, sont les plus forts ; l'on ne croit plus à rien. Mais c'est alors, dans ce désespoir, que de Lattre recréera une foi – une illusion encore qui s'achèvera par une humiliation pire, deux ans plus tard, à Dien-Bien-Phu. De Lattre mourra et son sacrifice n'aura servi à rien : il laisse un Corps expéditionnaire condamné.
Tome IV:
Fin 1950, de Lattre débarque en Indochine pour effacer l’humiliation. Il va transformer le moral du corps expéditionnaire par des victoires, et aussi par son extraordinaire génie de la publicité et de la mise en scène. Pour un temps, il tirera ses troupes de leur misère, leur rendra dignité et confiance. Mais il se désabusera lui-même et sera trop lucide pour ne pas s’apercevoir rapidement qu’il n’aura créé qu’une grande illusion.
Après la victoire de Vinh Yen et les chants de gloire qui retentissent dans le monde entier, de Lattre s’aperçoit qu’en Indochine, rien ne mène à rien. Il s’acharnera, usera de toutes ses forces. On peut dire qu’il en mourra, après avoir vu mourir son fils, Bernard.
L’aventure que raconte Lucien Bodard dans ce nouveau volume, c’est la dernière épopée romantique, la plus étonnante des temps modernes.
Avec celui qu’on appelait « le roi Jean », avec sa cour et ses « maréchaux » pittoresques, les Français vivent quelques mois dont la splendeur cache les germes d’une défaite et de la mort. Pour de Lattre et les siens, la tragédie Indochinoise se confond bientôt avec une tragédie personnelle, qui va coûter la vie au fils, et puis au père.
Tome V:
L'aventure que j'ai décrite dans ce livre n'a duré que quatre mois. L'épopée de l'homme prestigieux qui, à lui seul, partant de Paris pour un monde inconnu, sauve une armée, sauve une guerre, sauve l'Indochine. Extraordinaire aventure de la personnalité contre tout ; contre un continent terrible. Heures admirables de l'arrivée où il prend en charge des vaincus, les métamorphose en durs soldats, eu héros. Heures fascinantes de la bataille à Vinh Yen, sa Marne jaune, où il triomphe du destin contraire, où, rien que par sa volonté, il écrase les divisions de Giap, si sûres d'elles. Heures laborieuses d'après, folles d'activité, de nerfs, de caprices, où il refait tout. Il se refabrique ses hommes, du «troufion» au «maréchal d'Empire» et au courtisan.
Editions
Gallimard
Collection
Format
Poche
Nombre de page
500 + 434 + 377 + 534 +526 pages
Infos complémentaires
Ouvrage sous couverture plastifiée
Etat
Bon état
Date